Accord Myna – Aser : Les explications alambiquées de Pape Aly Guèye

Rédigé par Dakarposte le Mardi 4 Juillet 2017 à 12:53 modifié le Mercredi 5 Juillet 2017 19:00

Il tente de se défendre dans la presse mais, de ce fait le sieur Pape Aly Guèye pédale dans la choucroute. Car même s’il estime que le contrat qui le lie à l’Aser est clair comme l’eau de roche, il oublie par ailleurs de préciser qu’il a été épinglé et par la Cour des comptes et par un cabinet d’audit privé qui ont conclu que son opération ressemble à s’y méprendre à une véritable escroquerie au détriment de l’Etat.

Dès 2010, en effet, la Cour des comptes avait demandé une information judiciaire sur les relations de Myna avec la Société nationale d’électricité. Ce, après avoir découvert un scandale financier sans précédent. Les contrôleurs avaient alors exigé du Directeur général des Impôts et des Domaines une vérification générale de la comptabilité de Myna Distribution et la vérification de la situation fiscale personnelle de Papa Ali Guèye. Ces deux demandes n’ont jamais été exécutées. Pourquoi ? Et pourquoi après avoir grugé la Senelec de plus de 300 milliards indûment encaissés, Pape Aly Guèye a continué encore à gagner des marchés de l’Etat au point de lui soutirer encore de l’argent et de lui… céder ses créances ?

Car la convention de partenariat qui lie sa société, Myna Distribution à l’Agence sénégalaise d’électrification rurale est considérée comme léonine par les auditeurs du cabinet Bsc qui ont découvert un autre gros scandale en étudiant ce dossier. Sur cette convention qui porte sur 71 milliards de FCfa liant l’Aser à la société de Pape Aly Guèye, ce dernier a encaissé 24 milliards de FCfa à titre d’avances, sans justificatifs. Mieux, le marché a été souscrit le 14 décembre 2015, approuvé le 16 décembre 2015, immatriculé le lendemain et notifié le 21 décembre 2015. Pourtant, le 18 décembre déjà, le marché était enregistré alors qu’une telle opération ne doit intervenir qu’après la notification du marché. Mais, curieusement, l’ordre de service a été émis le 21 décembre 2015 par l’Aser mais, avant même son émission, Myna Distribution percevait une avance de démarrage de 12 milliards de FCFA contre remise d’une garantie bancaire d’égal montant. Deux autres paiements de 7 et 5 milliards de FCFA interviendront les 6 et 21 janvier.
Selon les auditeurs, ces paiements ont été demandés en même temps que l’avance forfaitaire de démarrage alors qu’ils devaient être effectués après constat du début de la livraison du matériel.
Plus grave, le taux de remboursement des avances sur approvisionnement a été fixé à 60% en violation flagrante du Code des marchés qui le limite à 50% de la valeur des approvisionnements.
Voici une partie des explications de Pape Aly Guèye dans la presse de ce lundi 3 juillet 2017 :
«Sur demande de l’Etat du Sénégal, la société Myna cède à l’Aser, avec l’accord du pool bancaire, le financement de 60 milliards FCfa qui lui avait été initialement octroyé dans le cadre de la convention de crédit en date du 30 octobre 2015, avec toutes les conditions financières négociées et stipulées dans ladite convention relatives à la répartition du financement entre les banques, à la destination et à l’utilisation des fonds, à la durée du prêt, aux intérêts et commissions réparties entre le cédant et le cessionnaire, lesquelles conditions sont reprises dans la convention. La société Myna et l’Aser donnent leur accord exprès et formel sur la cession, laquelle est acceptée par le pool bancaire et l’Etat du Sénégal. En vertu de cette cession, l’Aser est subrogée dans les droits et obligations de la société Myna, au titre du financement de 60 milliards FCfa et devient emprunteur et débitrice à l’égard du pool bancaire, en lieu et place de la société Myna, concernant ledit engagement par trésorerie.»
Pape Aly Guèye reconnaît donc avoir cédé à l’Etat ses propres créances après avoir reçu des avances indues.
Il faut noter que ce monsieur est un récidiviste en matière d’escroquerie au détriment de l’Etat mais qu’il s’en est toujours sorti par des pirouettes juridico-financières qui ne s’expliquent que parce qu’il aurait des entrées et des sorties occultes. En tout cas s’il se tire d’affaire avec l’enquête initiée par l’Ofnac, il faudra bien en conclure qu’il possède des complicités à des niveaux les plus insoupçonnés de l’Etat et cela est inacceptable pour un pays qui aspire à l’émergence.
Car, comment un état sérieux peut-il accepter de signer une convention avec une société qui, aux termes du contrat qui les lie doit préfinancer les travaux concernés, l’aider à obtenir un prêt équivalent au montant des travaux après lui avoir prêté de l’argent pour le préfinancement de travaux qu’il s’était lui-même engagé à préfinancer et finir par accepter de payer les créances de cette même société ? S’il n’a pas de complices haut placés, ce gars doit avoir un «marabout» exceptionnel…


Mamadou Ndiaye

Dirpub dakarposte
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